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Chacun cherche son chemin

Des questionnements essentiels

Sylvie Lafrenaye, pédiatre spécialisée en soins intensifs, étudiante au doctorat en Études du religieux contemporain.
Sylvie Lafrenaye, pédiatre spécialisée en soins intensifs, étudiante au doctorat en Études du religieux contemporain.

Sylvie Lafrenaye, pédiatre spécialisée en soins intensifs, doit régulièrement faire face à de grands questionnements. «En médecine et en science, on est excellents dans le "comment". Comment c'est arrivé, comment ça se fait que l'antibiotique ne fonctionne pas… Mais on n'a pas de réponse au "pourquoi", alors on l'élude», explique-t-elle. Jocelyne Benoit, pour sa part, accompagne des malades en phase terminale à la maison La rose des vents depuis plus de 10 ans. «J'ai observé que les mêmes questions reviennent souvent. Les gens me demandent ce que ça leur a donné de vivre», raconte-t-elle. Une question existentielle à laquelle elle n'a pas toujours de réponse.

Caroline Boucher se déplace d'une école primaire à l'autre pour accomplir son travail d'animatrice à la vie spirituelle. Elle remplace le conseiller à la pastorale, un emploi disparu des écoles au tournant des années 2000. «Au moment de concevoir un atelier autour de la question de la mort et des rituels funéraires, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas expliquer aux enfants ce qu'est un rituel parce que je ne le comprenais pas totalement moi-même», explique-t-elle.

Ces interrogations montrent bien que la religion garde sa place quelle que soit l'époque. «La religion, c'est quelque chose d'essentiel qui cherche à articuler le sens de la vie», souligne Marc Dumas. «Elle nous permet de nous intéresser à ce qui est transcendant, à ce qui va au-delà de la vie terrestre. Ça nous aide à expliquer notre place dans le monde, à comprendre le sens de la vie et donc, de la souffrance», répond Sylvie Lafrenaye. «C'est notre assise pour vivre notre spiritualité», explique à son tour Jocelyne Benoit.

La religion, un outil de travail

Jocelyne Benoit a terminé une maîtrise en théologie et poursuit son travail d'accompagnatrice à la maison La rose des vents.
Jocelyne Benoit a terminé une maîtrise en théologie et poursuit son travail d'accompagnatrice à la maison La rose des vents.

Sylvie Lafrenaye, Jocelyne Benoit et Caroline Boucher ont ressenti le besoin d'approfondir la question religieuse pour mieux faire leur travail. Sylvie Lafrenaye veut creuser un constat qu'elle a réalisé durant ses années de pratique. «Pour certaines familles dont un enfant est malade, la souffrance semble relativement tolérable, alors que pour d'autres, la douleur est telle qu'elles en deviennent désagréables avec le personnel médical. Qu'est-ce qui est à la base de ça? J'aimerais trouver quelques pistes de réflexion sur le plan spirituel qui pourraient me servir dans mon travail.» Jaqueline Benoit, elle, veut être en mesure de répondre aux personnes qu'elle accompagne pour leur permettre de mieux entreprendre leur dernier voyage. Caroline Boucher cherche, pour sa part, à explorer la question des rituels chez certains groupes ethniques.

En quoi la religion aide-t-elle ces professionnelles dans l'exercice de leurs fonctions? Jocelyne Benoit a dû réfléchir sur sa propre foi pour aborder les questions de ses patients. «Ça m'a obligée à faire l'examen de ma quête de sens, de ma spiritualité et à prendre conscience que j'ai la foi. Je pense que c'est ce qui m'a donné la sérénité nécessaire pour continuer à aider les gens qui sont à la veille de leur mort et qui me posent ces questions fondamentales sur le sens de leur vie», raconte-t-elle.

Caroline Boucher, animatrice à la vie spirituelle auprès de classes du primaire, a complété une maîtrise en sciences religieuses.
Caroline Boucher, animatrice à la vie spirituelle auprès de classes du primaire, a complété une maîtrise en sciences religieuses.

«Je crois que ce qui fait souffrir le plus mes patients, soutient Sylvie Lafrenaye, c'est de ne pas trouver de réponse lorsqu'ils se demandent pourquoi ça leur arrive à eux. La souffrance devient alors une quête existentielle à laquelle la sphère religieuse peut donner un sens.»

De son côté, Caroline Boucher se sent plus à l'aise dans son travail après avoir approfondi la question des rituels de différentes confessions religieuses. «Je peux par exemple demander aux enfants d'identifier des valeurs et ensuite de m'expliquer comment ils les intègrent dans leur quotidien. C'est un moyen de reconnaître les valeurs communes entre les différentes nationalités.»